Depuis plusieurs semaines, une inquiétante
campagne, aux accents particulièrement odieux, cible le délégué de la section
de Corse de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH). Elle fait suite à
"l'affaire de Prunelli di Fiumorbu", où une kermesse scolaire prévoyant
une chanson interprétée dans les différentes langues pratiquées par les enfants
de l'école - dont l'arabe - a dû être annulée à la suite de menaces. Depuis,
André Paccou et sa famille ont été visés, nommément, sur les réseaux sociaux.
C'est en réponse à ces faits que cette lettre ouverte a été écrite. Elle est
cosignée par des militants, des universitaires, des artistes, des réalisateurs,
des associatifs liés historiquement à la mouvance identitaire et par des
membres de la société civile. Leur dénominateur commun : tous se sont
manifestés spontanément pour dire leur solidarité à l'égard d'André Paccou. A
travers sa défense, ils veulent dire leur refus de voir la défense de
l'identité corse dévoyée par un discours raciste et ordurier.
Aux
côtés d'un homme d'honneur
C'est à un véritable lynchage symbolique,
perpétré sur Internet, que nous voulons faire barrage aujourd'hui. Basta à la
campagne ordurière et aux menaces infâmes visant André Paccou et sa famille !
Elles sont indignes de notre peuple, au nom duquel certains de leurs auteurs
prétendent s'exprimer. Elles sont en totale contradiction également avec la
religion chrétienne dont la défense est invoquée par ces messagers débordant de
haine et de vulgarité. L'identité corse, comme la foi de nos pères, n'ont
certainement rien à voir avec les images indécentes et les commentaires
ignobles déversés sur les réseaux sociaux depuis des semaines. Nos aïeux ne
se reconnaîtraient pas dans ces sordides diatribes et ces répugnants
clichés que nous nous refuserions même à montrer, comme preuves de l'infamie de
leurs auteurs, aux personnes âgées de notre entourage, par respect pour elles.
Nous sommes au demeurant consternés et
stupéfaits de découvrir l'identité de certains de ces internautes qui se
vautrent dans cette fange ou l'alimentent et que nous connaissions sous un tout
autre jour. Nous sommes bouleversés face au chagrin des enfants d'André,
atteints de plein fouet par ce torrent d'injures hideuses, qui déshonorent ceux
qui les professent.
Pour notre part, que nous soyons
agnostiques ou croyants, adhérents de la LDH ou pas, nous luttons depuis
longtemps, dans nos milieux professionnels ou associatifs respectifs, pour une
certaine idée de la Corse, pour la défense de ses Droits et de sa culture, et
c'est à ce titre que nous avons eu l'occasion de rencontrer André Paccou. Il a
toujours été à nos côtés, contrairement à bien de ses contempteurs, plus
prompts à se répandre en insanités sur les réseaux sociaux qu'à lutter sur le
terrain pour notre île, contrairement à ce qu'ils veulent faire accroire
!
Qu'il s'agisse de la reconnaissance de
notre peuple, de notre langue, de l'amnistie des prisonniers politiques, de la
lutte contre les procédures d'exception ou contre le racisme anti-corse, André
Paccou est toujours monté en première ligne, avec la même détermination que
pour les autres combats de la LDH. Son engagement s'est manifesté au-delà de
l'actualité, pour rendre notamment leur honneur aux soldats corses fusillés
pour l'exemple en 14-18. Au vu de son investissement permanent sur tous ces
fronts, les attaques ignominieuses dont il fait l'objet nous touchent d'autant
plus. A travers lui, c'est de fait une certaine vision de la Corse, que nous
défendons pour certains d'entre nous depuis des décennies, qui est mise en
ligne de mire. Nous ne saurions accepter sans réagir ce ciblage criminel.
Nous assurons donc de tout notre soutien
André, ainsi que sa famille, et nous demandons instamment à ceux qui écrivent
ou relaient des propos infâmes à son encontre de s'en tenir là et de bien
réfléchir à la teneur et à la portée de leur logorrhée indigne. A travers
André, c'est notre Corse qu'ils salissent. Au fil de leurs messages répugnants,
qu'ils osent accompagner de certains symboles identitaires, c'est notre combat
qu'ils dénaturent.
Nous voulons croire qu'ils prêteront une
oreille attentive à notre indignation et à notre écœurement. Nous espérons
qu'ils comprendront que leur campagne aux bien inquiétants relents s'inscrit
dans une dérive aussi funeste pour notre île que le jacobinisme fossilisé de
certains. Nous les mettons en garde contre l'instrumentalisation dont ils sont
victimes ou dont ils sont les agents objectifs.
Nous sommes quant à nous aux côtés d'André
Paccou, homme d'honneur vilipendé par les suppôts, volontaires ou inconscients,
d'un fascisme que nous ne laisserons pas se parer des couleurs de la corsitude.
Après avoir tourné le dos à notre île ou avoir violemment combattu le mouvement
identitaire corse depuis les années 70, certains idéologues réactionnaires
voudraient aujourd'hui lui faire le baiser de Judas. Nous demandons aux
internautes qui de fait relaient leur entreprise de mesurer la gravité de la
situation. Pour notre part, nous ne laisserons pas dévoyer notre lutte et
traîner ses alliés dans la boue.
Jean-Claude
ACQUAVIVA, Vincent ANDRIUZZI, Léo BATTESTI, Paul-Jo
CAÏTUCOLI, Jean-François CASALTA, Jean CASTELA, Pierre CERVETTI,
Antoine CIOSI, Joseph CIPRIANI, Jean-Hugues COLONNA , Jean-Sébastien DE
CASALTA, Valentina et Matteu FILIDORI, Alain DI MEGLIO, Dumè
GAMBINI, Patrizia GATTACECA, Fabiana GIOVANNINI, Anne-Marie LECCIA, Micheli
LECCIA, Félicie et Christian LORENZONI, Ribellu Jean-Claude LUCCHINI,
Christophe MAC DANIEL, Jean-Louis ORLANDETTI, Pascal OTTAVI, Gaston
PIETRI, Jackie POGGIOLI, Jean-Marie POLI, Patrizia POLI, Cathy
ROCCHI, Maria SANTONI, Gérard SERPENTINI, Dumè TAFANI