jeudi 5 novembre 2015

La LDH Corsica au Pays Basque - La question des processus de paix : articles de Media Bask et du journal Berria

"Le processus de paix basque fait preuve d'une grande maturité"
ARGITXU DUFAU|05/11/2015

Invité par Bake Bidea et la Ligue des Droits de l'Homme Pays Basque, une délégation de la LDH Corse était à Bayonne du 29 au 31 octobre dernier. Les groupes ont pu échanger et réfléchir ensemble sur le processus de paix engagé dans les deux territoires. André Paccou, porte-parole de la LDH section Corse a répondu aux questions de MEDIABASK.

"Nous sommes confrontés à des réflexes ancrés de jacobinisme"
"Il faut surveiller que l'Etat espagnol ne fasse pas recours à des mécanismes policiers et judiciaires"

Pourquoi cette visite au Pays Basque ?
André Paccou : Parce que la Ligue des Droits de l'Homme de Corse est elle-même intéressée par un processus de paix. Il s'agit d'essayer des solutions par rapport aux violences politiques qui ont marqué la société corse depuis plusieurs décennies. Le processus de paix qui est en cours au Pays Basque nous intéresse en terme d'échanges d'expériences et de réflexions. Suite à l'invitation de la LDH Pays Basque et Bake Bidea, nous avons entrepris ce voyage qui consiste à rencontrer des acteurs impliqués dans le processus de paix ici.

Où en est le processus de paix corse aujourd'hui ?
A. P. : Depuis près de deux ans, le FLNC a déposé les armes et il n'a depuis revendiqué aucune action. Nous pouvons acter ce geste politique. Deuxièmement, l'Assemblée de Corse a produit un certain nombre de textes votés à la majorité sur un statut de résident, la langue, un statut fiscal, les prisonniers politiques, l'amnistie, la collectivité territoriale unique… Ces textes sont, de fait, transmis au Gouvernement.
Actuellement, il y a trois types de réponses. Par rapport à la collectivité territoriale unique, ce texte a été acté puisqu'il y a un article dans la loi NOTRe qui va être ajouté concernant la Corse et la création de cette collectivité.

Sur la question des détenus, nous sommes dans un jeu du chat et de la souris. Il y a eu une rencontre avec la garde des Sceaux, au printemps dernier, avec la LDH, Sulidarita et les présidents des groupes politiques de l'Assemblée de Corse. La ministre nous avait dit prendre note de certaines situations et pouvoir y veiller de manière précise de façon à pouvoir envisager le rapprochement de détenus. Pour d'autres cas, elle a dit que ce serait difficile car il s'agit de décisions de justice et qu'en tant que ministre elle ne pouvait pas interférer.

Ceci dit, quelques jours après, nous apprenions qu'il y avait une réorganisation des parloirs à Fleury-Mérogis qui mettait à mal la possibilité du droit de visite des familles pour les Corses et les Basques. Il a fallu rappeler la ministre à ses engagements car il y avait un risque de grève de la faim.
Concernant la langue, la réponse systématique est que “cela n'entre pas dans le cadre de la Constitution”. Est-ce que ce sont les textes qui sont à jeter ou c'est la Constitution qui doit être réformée ?

Quels sont les points communs entre les situations corse et basque ?
A. P. : Les histoires ne sont pas les mêmes et les forces politiques et sociales ont un état d'avancement différent sur la démocratie. Je prendrais simplement une réalité toute bête : la question corse est complètement intégrée à la question française tandis que le question basque doit être traitée à la fois au regard de la question espagnole et de l’État français. Les situations ne sont pas les mêmes.

Au niveau des processus en cours, nous pouvons faire des analogies. D'un côté ETA et le FLNC ont déposé les armes, il y a aussi la question des prisonniers politiques et leur rapprochement.

Au regard des premiers contacts que nous avons eus, en Corse la question est beaucoup traitée à partir de l'Assemblée de Corse. Elle a d'ailleurs voté un certain nombre de textes importants pour ouvrir le dialogue avec l’Etat pour pouvoir redéfinir la place de la Corse dans la République.

Ici au Pays Basque, ce qui est plus notable est d'une part la mobilisation et l'implication de la société civile dans le processus de paix, d'autre part, l'internationalisation de la question basque. Nous avons des choses à apprendre mutuellement. Nous sommes toujours obligés d'imposer systématiquement un rapport de force par des interpellations et des mobilisations pour obtenir peu de choses.

Quel regard portez-vous sur le processus de paix au Pays Basque ?

A. P. : Nous avons pu constater une inquiétude par rapport à la question des détenus politiques et leur rapprochement. Il y a aussi une inquiétude par rapport à ce qui se passe en Espagne avec des risques de radicalisation de l’Etat espagnol face aux questions basque et catalane.

Nos interlocuteurs nous ont dit que les prochains mois allaient être importants avec de grandes mobilisations de la société civile pour l'internationalisation de la problématique. Je dois dire que cela nous semble extrêmement important et fondamental parce que, si ce n'est pas la société basque qui définit ce que doit être le processus à la fois dans sa façon de faire et dans son contenu, il n'aura pas la légitimité qu'il faut et n'aura pas ce soutien international.

Le processus de paix au Pays Basque fait preuve d'une grande maturité. Je souhaite que les Etats concernés fassent preuve de la même maturité politique.

Quel regard portez-vous sur l'attitude de l'Etat français ?

A. P. : Nous pouvons établir une similitude entre la Corse et le Pays Basque lorsqu'il s'agit du domaine du dialogue avec l’Etat français. Nous sommes confrontés à des réflexes encore très ancrés de jacobinisme. Une volonté de dire qu'on ne lâche rien et surtout sur cette question des détenus. Ils se disent que s'ils ouvrent cette porte-là, ils devront aller plus loin dans la prise en compte des demandes venant du Pays Basque ou de la Corse.

Ceci dit, nous sommes globalement dans un contexte apaisé même si nous avons des verrous à faire sauter. La République doit se sentir bien plus forte que ce qu'elle prétend être lorsqu'elle veut, par exemple, museler des peuples qui demandent à pratiquer leur langue.

Je fais référence à ce comportement stupide des sénateurs qui ferment la porte à la ratification de la charte des langues minoritaires. C'est un exemple significatif de cette incapacité au niveau français à concevoir la diversité.

Et sur l’État espagnol ?

A. P. : C'est une autre réalité. Nous avons un Etat qui est sérieusement secoué par des aspirations aujourd'hui largement partagées en Catalogne et au Pays Basque. Ce qu'il faut surtout surveiller c'est que l’État espagnol n'ait pas recours à des mécanismes policiers et judiciaires que l'on connaît bien. Ils ne sont pas totalement en rupture avec ce qu'a été le franquisme. J'espère que lorsqu'il y aura des manifestations en soutien aux détenus au Pays Basque en début janvier, le droit à manifester et à s'exprimer sera pleinement respecté.

Ces questions touchent la Corse, le Pays Basque mais aussi l'Europe. Il pourrait y avoir une crise très grave, il faut être très vigilant.





Journal Berria en langue Basque :

«Euskal eta korsikar arazoak demokrazia eskasiatik datoz»

Ia bi urte pasatu dira FLNCk armak utzi zituenetik, eta geroztik aitzinamenduak egin dira, Paccou eta Matteiren ustez. Korsikako Asanblearen erabakiak Parisek «blokeatzen» dituela salatu dute.
Antzekotasun handiak ikusten dizkiete Korsikako eta Euskal Herriko prozesuei, eta horrexegatik etorri dira Baionara Andre Paccou eta Christiane Mattei Korsikako LDH Giza Eskubideen Ligako kideak, Ipar Euskal Herriko LDH-k gonbidatuta. Bisitaz baliatuta, Korsikako gatazkaren gorabeherak azaldu dizkiote Berriari. Aitzinamenduak egin diren arren, beldur dira abenduko hauteskundeek eragin dezaketen kalteaz: «Zatiketek bake prozesua kolokan ezar dezakete».Maddi Ane Txoperena Iribarren Baiona

Ia bi urte joan dira FLNCk armak utzi zituenetik… Zein bilakaera izan du gatazkak geroztik?
ANDRE PACCOU: Armak uztearekin batera Korsikako Asanbleak testu multzo bat onartu zuen bake prozesua edukiz betetzeko, sakoneko aldarrikapenei buruz: korsikeraren koofizialtasunaz, egoiliar estatutuaz, fiskalitateaz, lurralde kolektibitate bakarra osatzeaz… Eta preso politikoei dagokienez, hurbilketaz, eta amnistiaz. Uda baino lehen adierazpen bat egin zuen Korsikako Asanbleak, aldarrikapen guzi horiekin, eta gobernuari zuzendu zion.

Aldi berean egin dira bi gauzak?
A.P.: Testuak lantzen hasiak ziren armak utzi baino lehen, baina ezin dira bereizi: biak batera doaz.
CHRISTIANE MATTEI: Asanblean kontsentsu zabalagoa lortu da armak uzteari esker.
A. P.: Ezkerreko gehiengoa duen Korsikako Asanbleak lan politiko handia egin du. Parisi mezuak bidali dizkio erranez Korsika Frantziako Errepublikarekiko bertze modu batera eraiki nahi dela.

Zein izan da gobernuaren erantzuna? Badago elkarrizketarik?
A.P.: Badago elkarrizketa puntu batzuen inguruan…
C. M.: Baina gutxien trabatzen duten gaiei buruz bakarrik.
A.P.: Bai. Adibidez, lurralde kolektibitate bakarra egina izanen da Notre legearen barnean. Baina hori ez da trabagarria Estatuarentzat. Bertze puntuei buruzkoa oso konplikatua da, sistematikoki erraten baitute Konstituzioaren aurka doazela.
90. hamarkadan gauza bera gertatu zen Joxe estatutuarekin. Korsikar Herriaz Frantziako Herriaren parte gisa hitz egiten zen testuan. Konstituzio Kontseiluak atzera bota zuen. 25 urte berantago arazoak segitzen du.

Beti Konstituzioaren aurka?
A.P.: Euskal arazoarekin bat egiten dugu puntu horretan, salbu zuek bi estatu dituzuela. Baina sakonean arazoa bera da: aitzinean ditugun estatuek ez dituzte herriak entitate gisa aitortzen.

Zertan da presoen gaia?
A. P.: Ia preso politiko guziez arduratzen den Solidarita elkartearekin lan anitz egiten du LDH-k. 2014ko udan plataforma bat sortu genuen presoen hurbilketa eskatzeko. Korsikako Asanbleari aurkeztu genion, eta mozio bat bozkatu zuen hark plataformaren alde. Eskatu genuen Christiane Taubira Frantziako Justizia ministroarekin elkartzea, eta baita egin ere: joan den maiatzean Taubirarengana joan zen Korsikako delegazio bat presoen egoera azaltzera, eta erantzun zigun zehazki aztertuko zuela gaia.
Bazen engaiamendua, baina egun batzuk beranduago publikoki esku hartu behar izan genuen, Fleury-Merogiseko espetxean bisiten antolaketa aldatu zutelako. Bertze gai batean ere esku hartu behar izan genuen: pertsona bati baldintzapeko askatasunak ukatzen zizkioten arrazoi zozoengatik.
Adibide hauekin erran nahi dudana da, existitzen den zuzenbide bati buruz ari garenean ere oztopoak daudela. Errepublikako legeak aplikatzea eskatzen ari gara! Oroitarazten dizu zerbait, ez? Horregatik iruditzen zait garrantzitsua euskaldunekin batera lan egitea, halako errealitateak Parisera elkarrekin igotzeko.

Zenbat preso daude egun?
C. M.: 30 bat.
A. P.: Zuek gehiago dauzkazue, baina ez da bakarrik kopuru kontua. LDH-k preso politiko gisa ikusten ditu denak, prozedura antiterroristak errepresio politikoa baitu helburu. Euskal eta korsikar arazoak demokrazia eskasiatik datoz.

Amnistia eskatzen dute independentistek. Zer deritzozue?
A.P.: Eztabaida dugu Corsica Liberako independentistekin. Gure ustez amnistiaren gaia planteatu behar da, baina gizarteak eztabaidatu behar du lehenik, eta prozesuaren bukaeran etorri behar da.
C. M.: Amnistia ezin da baldintza bat izan. Gerra dago nazionalisten artean. Egon dira hilketak 90.hamarkadan, eta horri buruz hitz egin behar da. Egon dira biktimak… Jende guzia elkartu behar da eta elkarrekin landu. Horregatik izan behar du bukaeran: ezin da amnistia baldintza gisa ezarri lan guzi hori egin gabe.

Biktimak aipatu dituzu… Lanik egin duzue horri buruz?
A.P.: Ez, justuki. Dena dago eraikitzeko.
C. M.: Egin genuenean FIDHekin ikerketa bat, lan egin genuen biktimen senideekin-eta. Zaila izan zen, baina zirraragarria. Urteetan elkarrekin hitz egin ez zuen jendea mintzarazi genuen… Biktimekin lan egitea eraikitzea da, zinez. Indartu egiten du bakea.
A. P.: Parisko bake konferentzian Bake Bidearen lana biziki interesgarria iruditu zitzaigun, ez dituztelako ahanzten antiterrorismoaren biktimak. Familia batzuk xehatu egin ditu antiterrorismoak Korsikan, milaka konta daitezke 30 urteotan atxiloaldi bortitzak jasan dituztenak… Hori guzia ezin da ahantzi. FLNCk erail egin du, baina aldi berean antiterrorismoak bortizki erabili ditu familiak.

Hauteskundeak izanen dituzue abenduan. Zer alda dezakete?
[Hasperen egin dute biek]
C.M.: Hasieratik zatituta abiatu dira denak. Zerrenda pila daude: 500 hautagai inguru, 300.000 biztanleko uharte batean!
A. P.: Hauteskundeenganako pasio bat dago Korsikan. Baina badira ere klientelismo eta klan handiak. Korsikako Asanblean azken agintaldian bozkaturikoak testu inportanteak izan dira, eta guzi horietan oreka bat bilatzen saiatu dira kontsentsua lortzeko. Baina hauteskundeekin zatitzen hasi dira: ez dago kontsentsurik.
Beldurra ematen digu zatiketagatik bake prozesua galtzeak, gainera hurrengo agintaldia soilik bi urterako dela kontutan harturik. Bi urte baino gehiago daude jokoan: gibelera itzuliko ginateke.

Zer emaitza espero duzue?
A. P.: Zaila da erratea. Korsikan beti daude sorpresak. Lehen itzulian zatikatuta doaz, eta bigarren itzulian ez dakigu nola eginen dituzten aliantzak… Baina guretzat hori bigarren mailakoa da: galdu nahi ez duguna bake prozesua da.

Armagabetzeari garrantzia handia ematen diote Euskal Herrian. FLNCk utzi ditu armak fisikoki?
C.M.: Aldebakarreko adierazpen bat izan da, baina fisikoki ez. Herrietara armen bila joanen bazina ez lizukete utziko! Gerra bukaeran ere ez zituzten itzuli, pentsa!
A.P.: Baina ez da atentaturik izan duela bi urtetik. Jendeak egiten duena hartu behar da kontutan, eta udan FLNCk berriro baieztatu du luzerako prozesu bat dela. Konfiantza minimo bat behar da: konfiantzak sortzen du bakea.

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